Nous sillonnons à travers un monde qui ne nous permet plus de vivre du seul bouche à oreille quand on est artisan comme je le suis.
Qu'on le veuille ou non, les réseaux sociaux font partie intégrante de notre métier et il convient donc de tisser un lien intelligent avec eux. Et ce n'est pas si facile !
De mon point de vue, Internet est un outils incroyable. Il nécessite certes un apprentissage long pour l'utiliser intelligemment, mais cette source de savoir intarissable et de partage infini m’émerveille. Le fait d'avoir trouvé une place sur cette grande toile pour ma petite échoppe m'enchante, mais impose cependant quelques contraintes qu'il me faut saisir, ajuster, et embrasser.
Nous le savons tous, pour se concentrer, tout le monde nous conseillera d'éteindre nos téléphones, de délaisser nos PC et encore plus de fermer les réseaux sociaux qui nous enverront sinon tout un tas de distractions intempestives et improbables. Il n'est pas rare que nous nous retrouvions à nager dans les bas-fond de facebook-youtube-pinteterest et compagnie sans parvenir à se rappeler comment on a pu se retrouver ici, avouons-le !
Or, mon métier se passe à 50% devant un ordinateur, et presque autant sur les réseaux sociaux... Comment faire pour partager son temps et son attention au sein de ce nouvel environnement, comment négocier avec la toile et ses distractions ?
À quoi ressemble le métier d'artisan aujourd'hui qu'il soit IRL ou concerne son alter ego numérique ?
L'artisan 2.0
Quand j'ai commencé Martel & Enclume, il y a un peu moins de 6 ans maintenant, je passais le plus clair de mon temps mes pinces à la main, une nouvelle pierre fraîchement reçue à tenter de nouvelles choses, à appréhender ces techniques inconnues de bijouterie pour me familiariser avec elles. Plus mon apprentissage évoluait, plus je créais et plus je me plongeais dans des parenthèses créatives longues et intenses. La passion était lancée, la muse démuselée et au fil des mois et des bobines de cuivre, j'ai pu trouver ma patte et trouver ma place dans la création d'artisanat.
Cependant pour vivre d'une passion, eh bien, il faut bien faire rentrer de l'argent... Ne vous y trompez pas, tout passionnés que nous sommes, c'est pourtant la dure réalité de ce qui se cache derrière tous les créateurs, les artistes et les artisans. Cela n'entache pas pour autant notre flamme pour nos métiers, mais il faut garder en tête que vivre d'amour et d'eau fraîche ne nous fera pas tenir bien longtemps, et que nous avons aussi nos loyers à payer, nos frigos à remplir, et que les factures atteignent aussi bien nos boites aux lettres que les vôtres. Or, si l'on imagine bien le petit artisan terré dans son atelier, travaillant la matière et se perdant dans ses inspirations, ou encore sur l'étal des marchés papotant avec les passants, la réalité est tout autre.
Dans notre société il est bien difficile de continuer à vivre de cette façon uniquement, et il serait de toutes manières bien dommage de bouder ces outils fous que sont les réseaux sociaux ! Le principe est le même puisqu'il s'agit basiquement d'un bouche à oreille géant, qui nous permet de nous faire connaître lorsque nous ne sommes pas sur les routes pour poser nos échoppes le temps d'un festival ou d'un marché.
De la même façon, Internet permet à de nombreuses personnes aux tout petits revenus de créer un boutique, une vraie, presque identique à une boutique physique, et cela sans avoir à hypothéquer son rein droit ou à vendre ses enfants pour louer ou acheter un local... Pas mal non ? Et bien, pareillement à l'artisan qui devra se plonger dans l'entretien de sa boutique physique, d'en gérer la comptabilité et d'en faire sa promotion, l'artisan 2.0 se verra contraint aux mêmes exercices, transposés à son activité numérique.
Créer son site, y mettre ses produits, en gérer les stocks, vendre et gérer les ventes, promouvoir les nouveautés, proposer des événements ( Ventes flash, Ventes Privées, Marchés Virtuels, sorties de collections etc...), communiquer avec vous, partager mes créations, gérer les commandes sur mesure, rencontrer d'autres artistes et artisans, s'ajuster aux collègues ( et faire face aux concurrents pas sympas du tout -c'est rare, mais il y en a, je vous jure, c'est pas évident!-) : les réseaux sociaux font partie intégrante du travail de l'artisan 2.0 et impose une rigueur et un travail acharné loin de la zone de confort de notre passion.
Du côté de Martel & Enclume, la tâche aura été ardue puisque personnellement, je ne suis pas du tout branchée réseaux sociaux et ne les fréquente que très rarement. Ma page facebook perso est un gouffre béant hormis une photo de profil et un ou deux partages de talents, de musiques. Je n'aime pas du tout me mettre en avant en posant sur des photos ou en racontant ma life dans tous ses détails, et il m'a donc été assez difficile de devoir passer de rien à tout avec M&E.
Car je suis CONSTAMMENT sur Facebook depuis l'ouverture de la page pro ! Mise en ligne, papotage avec vous, préparations des albums photos, des publications, mises à jour de la page et du groupe privé, bref : des milliers de choses à faire m'imposent de squatter ce réseau de façon assez intense. Quand je n'y suis pas je dois rôder du côté d'Instagram, et je vous avoue que ce n'est pas forcément ma tasse de thé. J'ai abandonné Twitter (je n'arrive vraiment pas à accrocher sur le principe) , et j'évite Pinterest ( même si j'y suis) car je me perds pendant des heures et que ça ne me rend pas très productive:) Et pourtant, ces escapades sociales sont essentielles au bon fonctionnement de ma boutique, c'est grâce à elles que Martel & Enclume prospère, grandit, et se fait connaître ! Si je ne publie pas mes dernières créations sur Facebook, il y a fort à parier qu'elles resteront invisibles sur la boutique en ligne, alors qu'en vous les présentant, elles sont souvent vendue dans l'heure qui suit leurs publications. C'est donc un exercice difficile mais primordial pour la boutique que je prends très à cœur et qui concerne la quasi majorité des artisans comme moi.
La Visibilité et les algorithmes
Haaa, les algorithmes de facebook... Comme ce réseau avantage énormément les publications sponsorisées et les grosses pages, les petits artisans tels que moi tendent à devenir invisibles... Les petites entreprises voient toutes leur visibilité s'effondrer depuis ces dernières années, avec un pic particulièrement cruels ces derniers mois. L'on se voit presque obligé de payer sa publicité, avant de se rendre compte de l'erreur que l'on vient de faire... Et oui, car les rouages de cette machine à sous est bien huilée, et voici comment cela se passe quand, un peu désespéré, l'on consent finalement à sponsoriser une publication : D'abord, Wouah ! Pour à peine 5€ sur une semaine la visibilité de ladite publication explose de façon spectaculaire ! Elle est beaucoup plus visible et par conséquent la page grossit son nombre d'abonnés. C'est franchement très impressionnant, et suite à cela, je me suis dit que ça valait bien le coup de payer 5€ une ou deux fois par an pour de tels résultats. Sauf que -vous me voyez venir- j'ai vite déchanté. Si l'on arrête de sponsoriser ses publications, leur visibilité chutent alors bien en deçà de ce qu'elle était avant de payer des publicités.... Et finalement, l'on se retrouve à atteindre le même nombre de vues avec des publications sponsorisées que... Quand nous ne l'avions jamais fait ! Après cette mauvaise surprise, j'ai décidé de ne plus jamais avoir recours à ce « service » et j'ai du attendre de longs mois avant de pouvoir prétendre de nouveau à assez de visibilité, comme j'en avais avant de me faire gentiment berner.
Pour contrer ce déclin faramineux des petites pages, nous avons besoin de vous, car c'est vous qui les faites vivre et grandir !
Il vous suffit de participer en commentant ( plus de 3 mots, sinon ça ne compte pas pour Facebook ), en likant avec les émoticônes ( plus efficaces que le simple pouce bleu ), et en partageant notre travail, nos publications, nos pages...
Vous pouvez inviter vos amis à découvrir notre travail, vous abonner aux notifications des pages que vous aimez, pour recevoir une alerte lorsque de nouvelles choses sont publiées. Pour cela, il vous suffit alors de survoler le bouton "j'aime" sous la bannière de la page, et de cliquer sur "recevoir des notifications" et « afficher en premier » dans le menu déroulant qui apparaîtra.
En résumé, et comme toujours, si l'artisanat survit, c'est parce qu'il sait s'adapter à la société et au monde qui l'entoure, en se découvrant de nouveaux outils, en ajustant ses façons de travailler. Mais c'est essentiellement grâce à sa communauté, à ses clients, à VOUS qu'il vit ! Et c'est encore plus flagrant sur les réseaux sociaux et sur Internet en général.
L'artisan 2.0, tout comme celui qui l'a précédé n'est rien sans vous, car vous êtes le moteur de toutes ces petites échoppes qui ne demandent qu'à être reconnues, pour que les artisans cachés derrière elles puissent vivre simplement et joyeusement de leur passion.
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